La télémédecine: quand le système de santé évolue

La télémédecine: quand le système de santé évolue

La télémédecine, en associant médecine et nouvelles technologies numériques, représente une autre manière de soigner. En plein essor depuis les débuts de la crise sanitaire (on dénombre environ 6 millions de consultations à distance entre mars et avril 2020!), elle permet l’accès à tous et à distance, d’un patient à un professionnel de santé. Une pratique répondant aux problèmes actuels du système de santé, en permettant à des patients vivant dans un milieu manquant de professionnels de santé ou à mobilité réduite, de bénéficier de soins, d’une consultation, d’un diagnostic… le tout à distance.

Mais cette pratique émergente peut toutefois éveiller quelques interrogations, concernant la fiabilité des soins, les professionnels habilités à pratiquer une télélconsultation, le déroulé d’une consultation, … Afin de répondre aux questions que vous nous avez posées sur nos réseaux sociaux, j’ai rencontré pour vous Jean-Sebastien Gras, cofondateur chez Healphi.

Échanges…

Madyson: Bonjour Jean-Sébastien. Pour commencer, pouvez-vous vous présenter et nous dire quelques mots à propos d’Healphi ? 

Jean-Sébastien: Bonjour Madyson! En quelques mots, Healphi est une plateforme destinée aux professionnels de santé, spécialisée dans la télémédecine assistée par infirmière avec des instruments connectés, créée en 2017 avec mon associé : Tarik Mouamenia.

L’idée nous est venue suite au constat des « déserts médicaux », notamment dans les campagnes. Force a été de constater que nombreux sont les patients se trouvant dans des régions un peu isolées (environ 6 Millions!) … Alors nous avons souhaité trouver une solution pour palier à ces problèmes. L’idée était d’apporter une solution clé en main aux patients. 

Les premières téléconsultations ont été réalisées en 2018 et notre plateforme a permis la réalisation de 50 000 actes ! Ainsi, Healphi favorise la fluidité des échanges entre le patient, le médécin et l’infirmière via notre plateforme hébergée sur un serveur agrée HDS (Hébergement de données de santé). 

télémédecine: une nouvelle manière de soigner
Captures d’écran issues de la plateforme Healphi

 

M: Comment définiriez-vous la télémédecine?

JS: La télémédecine c’est l’ensemble des actes médicaux qui vont être asynchronisés, ou synchronisés, afin de permettre le télésoin ou la téléconsultation. C’est la réalisation d’actes médicaux à l’aide des technologies de l’information: visio conférence, instruments connectés, partage de documents via plateforme, … 

On peut également avoir recours à la télé-expertise, c’est à dire une infirmière ou un médecin qui envoie un document (résultat d’analyses, compte rendu d’examen), à un médecin pour avis, ou à la télésurveillance: le suivi continu du patient.

D’un point de vue global, la téléconsultation est en plein essor depuis la crise du Covid-19. Au début de l’année 2020, peu de consultations étaient réalisées, tandis qu’aujourd’hui plusieurs millions sont réalisées chaque année !

 

M: Comment se déroule une consultation ? Comment régler ma consultation ?

JS: En fait, pour les cas sans gravité, la consultation va pouvoir se dérouler sans rendez-vous, avec une prise de contact via une plateforme dédiée (Livi, Medadom par exemple). À ce moment là, un médecin est tiré au sort pour effectuer la consultation. Pour les cas plus complexes, le suivi est effectué par un seul spécialiste toute l’année (Healphi, Doctolib, etc).

Pour les cas les plus lourds, une téléconsultation à domicile assisté par un(e) infirmier(e) est proposée. L’infirmier(e) se rend au domicile du patient et exerce les soins, guidé par le médecin. Pour la partie administrative, c’est l’infirmier qui gère tout: prise de rdv, règlement, … Cette solution en phase de développement améliore le confort du patient et lui évite ainsi de se retrouver en Ephad prématurément. 

Concernant le règlement des consultations, il y a plusieurs cas de figure suivant la plateforme et la prestation. Ce sont les médecins libéraux qui choisissent le mode de règlement: tiers-payant, paiement en ligne, paiement directement à l’infirmière.

Mais certaines plateformes simplifient les démarches. Healphi peut par exemple s’occuper de la remontée de chèques entre le cabinet et la patient. 

 

M: Quelles sont les prestations pratiquées ?

JS: Cela fonctionne comme pour les consultations en présentiel, donc 90% des actes de médecine générale sont couverts. Les 10% restants sont la palpation ou les urgences médicales. Ce sont des cas dans lesquels le patient est redirigé vers un autre service.

Par exemple: un patient se plaint d’une forte douleur au ventre. Cela peut être signe d’une gastro ou d’une appendicite. Ça nécessite donc une palpation, des examens complémentaires et le patient est redirigé vers un autre service.

 

M: Certains de nos lecteurs se sont montrés retissants vis-à-vis de ces nouvelles pratiques, craignant une erreur de diagnostic due à la distance avec le praticien ou une déshumanisation de la relation avec le patient. Avez-vous une réponse à apporter à ceci ?

JS: Je comprends que ces pratiques émergentes puissent susciter le doute chez certains patients, même si aujourd’hui selon les sondages 90% de la population est favorable à la télémedecine. 

En fait, contrairement aux idées reçues, les médecins ne font pas plus d’argent en télémedecine qu’en présentiel. Ils passent même plus de temps en consultation! Cette pratique leur apporte simplement plus de confort, puisqu’ils exercent depuis leur domicile.

Concernant les erreurs de diagnostic, justement, n’étant pas avec le patient les praticiens ont tendance à se montrer plus vigilants dans leur consultation pour ne pas passer à côté d’une pathologie. Ils n’hésitent pas non plus à prescrire des examens complémentaires. 

 

M: Pouvez-vous nous décrire le quotidien type d’un spécialiste pratiquant la télémédecine ?

JS: C’est une question intéressante. Au début de l’aventure Healphi, on a eu un certain nombre de retours de la part des autorités de santé, qui pensaient que les médecins allaient s’enfermer dans cette pratique et partir profiter des beaux jours dans le Sud de la France! (rires).

En réalité, la plupart des médecins divisent leur planning en pratiquant à la fois en télémédecine mais aussi en cabinet, ce qui permet de combler le manque de praticiens dans certaines régions isolées.

Nous avons aussi les médecins retraités, qui n’ont pas envie d’arrêter totalement leur activité, et qui continuent les téléconsultations une journée ou deux par semaine. Cela permet d’amortir les nombreux départs en retraite qui ont lieu chaque année, et donc de palier à la demande. 

 

M: Quels professionnels de santé peuvent recourir à la téléconsultation ?

JS: Pour le moment, tous les professionnels de santé peuvent pratiquer la télémédecine, chacun dans leur rôle bien sûr. Mais le système actuel permet seulement aux médecins et aux infirmières de pratiquer tout en étant rémunérés. 

 

M: Comment cela se fait-il ?

JS: Un grand nombre de praticiens ne sont pas libéraux! Les aides soignants par exemple, qui sont tout aussi à même de pratiquer, ne sont pas libéraux, donc ils ne peuvent pas prétendre à une rémunération. Il y a un autre cas de figure: les pharmaciens. Ils peuvent assister les téléconsultations en étant rémunérés selon un forfait annuel.

Mais tout cela sera surement amené à évoluer dans le futur.

 

M: Quelles sont les valeurs ajoutées de la télémédecine pour le système de santé en général ?

JS: En fait, la télémédecine permet d’équilibrer l’offre et la demande.

L’autre plus-value importante de la télémédecine, et non négligeable, c’est l’amélioration du suivi des patients et la possibilité de se raccrocher au système de santé. Nombreux sont les patients qui n’ont pas la possibilité de consulter, soit parcequ’ils vivent en milieu isolé, soit parceque leur état de santé est trop fragile pour se déplacer. Alors leur état de santé finit par se dégrader. La télémédecine se présente comme un moyen de raccrocher ces cas particuliers au système de santé, en facilitant et en accélérant leur prise en charge.

 

Merci Jean-Sébastien pour ces précieuses réponses apportées à nos lecteurs!

J’espère que cet article aura répondu à toutes vos questions. Mais dans le cas ou vous auriez encore des interrogations sur le sujet, n’hésitez pas à nous en faire part !

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