Le bilan de médication

Le bilan de médication

Le 16 mars 2018, l’Avenant 12 à la Convention Nationale prévoyant la mise en place du bilan de médication est publié au Journal Officiel. Ce dispositif permet l’évolution de la pratique officinale et favorise l’interdisciplinarité. Le pharmacien est placé au cœur de notre système de soins et des missions cruciales de Santé Publique lui sont confiées. Lutte contre la iatrogénie médicamenteuse, les dépenses inutiles, adhésion du patient polymedicamenté à ses traitements, sont les missions du pharmacien de demain.

Pour qui ?

Le bilan de médication cible plusieurs catégories de personne : – Les patients de plus de 65 ans qui présentent au moins une Affection Longue Durée (ALD) – Tout patient de plus de 75 ans possédant un traitement comprenant au moins cinq principes actifs différents pour une durée de six mois. L’âge, la polymédication et la chronicité sont donc les trois critères principaux. La décision de réalisation de ce bilan de médication revient exclusivement au patient, il est également libre de choisir son pharmacien de suivi.

Quels sont les objectifs de ce dispositif ?

Ce dispositif présente des objectifs bien identifiés :

– L’objectif principal est de lutter contre l’iatrogénie. L’iatrogénie médicamenteuse se définit comme les effets indésirables provoqués par les médicaments. On estime aujourd’hui que 3,9 millions de personnes sont directement exposés au risque iatrogène dû à une polymédication. L’allongement de l’espérance de vie a augmenté significativement le nombre de pathologies chroniques, touchant principalement les personnes âgées. Ce risque augmente avec le nombre de prescripteurs, qui ne sont pas tous forcément informés des spécialités prescrites par un confrère.

– Ce dispositif permet également d’aider les patients dans l’organisation de leur prise de médicaments, améliorant ainsi l’observance tout en veillant aux interactions médicamenteuses et aux effets indésirables. Cela permet d’améliorer l’adhésion du patient à ses traitements.

– Réduction du gaspillage de médicaments.

– Positionner différemment le pharmacien d’officine dans le parcours de santé du patient. La France rejoint ainsi plusieurs pays comme le Canada, l’Espagne, le Portugal, les Pays-Bas ou encore la Suisse où ce dispositif a fait ses preuves depuis plusieurs années, malgré des critères d’inclusion et d’intervention spécifiques à chacun.

Le bilan de médication

Mise en place

Plusieurs étapes guident la mise en place de ce bilan de médication.

1) Recrutement du patient, avec son consentement, accompagné d’un entretien de recueil d’informations d’environ 30 minutes. Le pharmacien peut s’appuyer sur son équipe officinale qui peut être formée pour identifier les patients éligibles, assurer le recrutement, l’accueil, la prise de rendez-vous ou encore la récupération des ordonnances. Cet entretien a lieu dans un espace privé à l’officine. Celui-ci apporte au pharmacien ses ordonnances, ses analyses biologiques si possible ses habitudes de vie et tout ce qu’il prend par ailleurs. Le pharmacien peut également avoir accès au DMP (Dossier Médical Partagé), au DP (Dossier Patient) de l’officine. Il est possible de recueillir des informations de la part de l’entourage ou des aidants du patient avec l’accord de celui-ci. Le pharmacien est tenu d’expliquer clairement les objectifs du dispositif au patient.

2) Analyse des données recueillies lors de l’entretien par le pharmacien. Celui-ci doit vérifier les indications des spécialités prescrites, les possibles interactions médicamenteuses, les posologies. Il peut s’aider de sites spécialisés. Il doit également analyser l’observance du patient grâce à un test (à noter qu’outre les troubles cognitifs, la non observance est pour la plupart des cas intentionnelle). Le pharmacien formule alors des recommandations, des conclusions qu’il fait parvenir au(x) médecin(s) prescripteur(s) par une messagerie sécurisée. Il ne peut faire aucune modification sans l’accord du médecin.

3) « Entretien conseil », le pharmacien expose au patient ses recommandations suite à son analyse. Il peut lui proposer des conseils hygiéno-diététiques, des plans de posologie et les ajustements réalisés en collaboration avec son médecin traitant.

4) Suivi de l’observance grâce au score de Gired, composé de six questions. Cela permet de faire le point sur ce qui a été amélioré et ce qui doit encore être travaillé. Il s’agit d’un entretien d’environ 10 minutes quelques semaines après l’entretien conseil. Lorsqu’il n’existe pas de changement de traitements, deux consultations de suivi d’observance par an sont proposées.

Rémunération

Après avoir scrupuleusement réalisé les étapes décrites ci-dessus, le pharmacien touche une rémunération. Elle est de 60 euros la première année et correspond à la réalisation de l’entretien, de l’analyse et du suivi de l’observance. La deuxième année, s’il n’y a pas de changements dans les traitements, le pharmacien touche 20 euros, correspondant aux deux consultations de suivi de l’observance. Si au contraire on observe des changements dans les traitements, le pharmacien recevra la somme de 30 euros. Cela implique une nouvelle analyse des traitements et un entretien conseil. La réalisation des étapes du bilan de médication doit être déclaré via un téléservice de l’Assurance Maladie. La rémunération a lieu au plus tard au mois de mars de chaque année.

Article rédigé par la Junior Entreprise de l’université Paris Descartes

 

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