Aujourd’hui, 29% des français fument, soit 16 millions d’entre eux. Si ce chiffre tend à progressivement diminuer, il n’en reste pas moins inquiétant. En effet, le tabagisme tue un fumeur sur deux d’une maladie liée à son tabagisme et ses répercussions sur la santé sont multiples.
La lutte contre le tabagisme doit aujourd’hui être l’affaire de tous les professionnels de santé afin que les patients soient informés, dépistés et suivis dans leurs démarches.
Les méfaits du tabagisme
Connaître les méfaits du tabagisme, ses contre-indications et ses comorbidités permet de mieux comprendre les enjeux du sevrage en termes de bénéfices mais aussi de repérer les situations à risque.
On sait qu’arrêter de fumer réduit la mortalité, surtout celle liée aux maladies cardiovasculaires et au cancer broncho-pulmonaire. Le bénéfice existe quel que soit l’âge du patient au moment de l’arrêt. Ainsi, un patient qui cesse de fumer à 40 ans augmente son espérance de vie de 7 ans, à 50 ans, il l’améliore de 4 ans…
La consommation de tabac est incriminée dans le développement de maladies telles que:
- Les cancers. On estime qu’un cancer sur quatre est dû au tabagisme et 90 % des cancers du poumon sont liés à la consommation de tabac en France. En outre, d’autres cancers sont également favorisés par le tabac et tout particulièrement ceux touchant les voies aérodigestives supérieures comme la gorge, la bouche, les lèvres, l’œsophage, ou encore les reins et la vessie.
- Les troubles cardio-vasculaires. Le tabagisme est l’un des principaux facteurs de risque cardiovasculaire. Il favorise la survenue de nombreuses maladies telles que:
- l’infarctus du myocarde,
- les accidents vasculaires cérébraux
- l’artérite des jambes,
- ou encore l’hypertension artérielle.
Il augmente également considérablement les risques de phlébite, d’embolie pulmonaire, d’AVC et d’infarctus du myocarde chez les femmes qui prennent des contraceptifs oraux.
- Les maladies respiratoires et les infections ORL:
- La bronchopneumopathie obstructive (BPCO) est essentiellement due au tabagisme. En effet, 85 % des BPCO surviennent chez des fumeurs ou des anciens fumeurs. Cette maladie évolue vers l’insuffisance respiratoire si la personne concernée n’arrête pas de fumer.
- Le tabagisme, actif et passif, augmente l’intensité, la durée et la fréquence des crises d’asthme.
- Le tabagisme passif augmente également le risque d’infections pulmonaires et d’asthme chez l’enfant et chez le nourrisson. Il augmente le risque de mort subite chez le bébé.
- Les infections nez-gorge-oreilles sont plus fréquentes chez les fumeurs actifs et chez les enfants soumis au tabagisme passif.
Le tabagisme est également responsable:
- D’une augmentation du risque de complications du diabète et du syndrome métabolique
- D’une baisse de la fertilité aussi bien chez les hommes que chez les femmes
- De fausses couches et de retard de croissance du fœtus lorsque la femme continue de fumer durant la grossesse
- De reflux gastro-œsophagien et de problèmes gastriques
- De problèmes bucco-dentaires
- D’apnée du sommeil
- D’un vieillissement prématuré de la peau
Il est également à noter que la consommation de tabac est un facteur majeur de risque opératoire et post-opératoire: il augmente de 70 % le risque d’avoir des complications respiratoires (infection pulmonaire, défaillance respiratoire, etc.),multipliera par trois le risque des complications cardiaques (notamment d’infarctus du myocarde) sans compter le risque d’être transféré en réanimation qui lui est triplé. En outre, il joue un rôle extrêmement néfaste en termes de cicatrisation, la fumée de cigarette inhibant très fortement les processus de réparation tissulaire et osseuse.
Enfin, il convient de penser au fait que les troubles psychologiques sont une comorbidité majeure à la consommation de tabac et que les personnes anxieuses, dépressives ou psychotiques sont tout particulièrement à risque.
Qui peut aider au sevrage tabagique?
Pour l’HAS, “tous les professionnels de santé en contact avec la population devraient s’impliquer dans l’aide à l’arrêt du tabac” et devraient être partie prenante dans la maturation du projet d’arrêt et dans la motivation du patient. Ils pourront ainsi tout au moins de participer au dépistage, d’informer le patient des risques encourus et de l’aider à engager un processus de sevrage.
Compte tenu de la liste des effets délétères du tabac, on comprend rapidement que chacun-e, selon sa spécialité pourra trouver des angles pour aborder la question du tabagisme auprès de ses patients. Par exemple:
- Le gynécologue ou la sage-femme à travers les questions de fertilité, de contraception et de grossesse
- Le chirurgien dentiste à travers la santé bucco-dentaire ou à l’occasion d’une intervention
- L’infirmière, lors de soins au patient en pré-opératoire ou convalescent, diabétique ou immunodéprimé
- Le masseur-kinésithérapeuthe, auprès des parents, lors de soins sur une bronchiolite de chez le bébé ou bien encore en rééducation après un AVC
- Le pharmacien au regard des prescriptions et plus largement devant des demandes concernant des infections ORL à répétition, du reflux, une mauvaise haleine ou bien encore un vieillissement de la peau….
Si le médecin généraliste est supposé être au centre de la démarche, ce n’est pas toujours le cas et chacun-e peut apporter sa pierre à l’édifice afin d’assurer une politique de prévention, d’aide et d’orientation.
Il faut savoir que 97% des fumeurs n’arrivent pas à arrêter sans aide. Il semble donc important que les professionnels de santé puissent contribuer à son encadrement et aient au moins des notions relatives à l’addiction tabagique ainsi qu’aux méthodes de sevrage recommandées et qu’ils sachent repérer les situations où une aide extérieure – psychologique, médicale… s’impose.
Pour ce faire, des formations spécifiques, destinées à un ou plusieurs corps de métiers existent et vous permettront de développer vos connaissances afin de participer efficacement au sevrage tabagique de vos patients, des premières intentions d’arrêt jusqu’au maintien de l’abstinence.