Le 18 septembre dernier, le Président de la République annonçait une transformation en profondeur du système de santé.
« Mon ambition est claire : je veux que ce que l’on appelle le système de santé, soit l’un des piliers de l’Etat providence du XXIe siècle, qui prévient et protège et puisse accompagner les parcours de vie. », a déclaré le chef de l’Etat.
Modernisation, accès à des soins de proximité d’excellence, désengorgement des hôpitaux à bout de souffle et temps médical dégagé sont les maîtres mots du Plan Santé 2022.
Quelles sont les mesures phares ?
- Augmentation du nombre d’Hôpitaux de proximité pour répondre à la problématique d’accès aux soins dans des régions isolées. Ces établissements contribueront à l’offre de soin de premier recours. Cependant, ils ne sont pas habilités à réaliser des accouchements et des actes chirurgicaux.
- Suppression du numerus clausus dès la rentrée 2020. « Le système restera sélectif, a assuré l’Elysée,il n’est pas question de rogner sur l’excellence de la formation. » . Les modalités d’accès aux études de santé restent encore inconnues mais devraient être annoncées prochainement. Cette réforme vise à diversifier les profils et les parcours des étudiants pour intégrer cette formation et stopper « le gâchis » de la PACES (Première Année Commune aux Etudes de Santé) « cet acronyme synonyme d’échec pour tant de jeune » selon Macron.
- Création d’un espace numérique de santé. Cet espace permettra de concentrer toutes les informations médicales en un seul point des usagers. Carnets de vaccinations, Dossier Médical Partage, possibilité de prise de rendez-vous avec les professionnels de santé, informations, conseils seront accessibles depuis la plateforme.
- Déploiement de 1000 Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS), regroupant plusieurs professionnels de santé afin d’améliorer la qualité du suivi, de la cohérence et une meilleure coordination des actes de santé. Cela doit mettre fin à l’exercice isolé d’ici 2022. Aujourd’hui, le patient doit organiser lui-même les rendez-vous et examens et assurer le lien entre les professionnels de santé.
- Financement et déploiement de 400 postes de médecins généralistes à exercice partagé ville/hôpital dans les déserts médicaux.
- Financement au forfait pour la prise en charge à l’hôpital des pathologies chroniques dont le diabète et l’insuffisance rénale chronique. Ces financements seront élargis à partir de 2020 à d’autres pathologies et cette démarche inclura par la suite la prise en charge en ville en vue d’une meilleure coordination ville-hôpital.
Un nouveau métier : les assistants médicaux
Afin d’optimiser le temps médical, 4000 postes d’assistants médicaux vont être financés. Ils permettront d’épauler les médecins en réalisant des tâches simples et administratives. Le but est d’économiser 15 à 20% de temps médical. Cette fonction se rapprochera du métier d’assistant dentaire et s’inspire fortement des pratiques britanniques. Les premiers arriveront des 2019 dans les zones prioritaires pour l’accès aux soins. En échange de ce financement, les médecins devront s’engager à exercer au maximum en groupe.
Ils pourront réaliser :
- L’accueil, le secrétariat, la prise de rendez-vous
- Recueil de certaines données et constantes (pesée, prise de tension, température)
- Vérification de l’état vaccinal
- Mise à jour des dossiers
- Nettoyage, stérilisation du matériel
La formation au poste d’assistant médical pourrait être prodigué aux aides-soignants, secrétaires médicaux et infirmiers pour le moment. Cependant, la formation à suivre par la suite pour occuper ce poste, n’a pas été précisé par le Président de la République et suscite de nombreuses interrogations.
Quels moyens financiers pour mener à bien ces objectifs ?
Le budget annoncé pour cette transformation est de 3,4 milliards d’euros d’ici à 2022. 920 millions seront alloués à l’investissement hospitalier, 500 millions à la transformation numérique et 420 millions à l’évolution des métiers et des formations.
L’Objectif National des Dépenses de l’Assurance Maladie (ONDAM) sera revalorisé à +2,5%, soit une augmentation de 400 millions, notamment pour l’ouverture des CPTS (Communautés Professionnelles Territoriales de Santé) et le déploiement des assistants médicaux. Une attention particulière sera portée sur les actes inutiles de façon à redistribuer le budget sur des soins innovants.
Une enveloppe financière sera attribuée pour encourager la qualité dans les hôpitaux. En effet, les patients pourront donner un avis sur leur hospitalisation via un questionnaire standardisé. Les patients pourront noter la qualité de leur récupération après une opération par exemple.
Une réforme ambitieuse
La Confédération des Syndicats Médicaux de France (CSMF) reste sur ses gardes : « Au final, cette réforme trace des perspectives, mais sa mise en œuvre nécessitera une grande vigilance afin que la médecine de ville ait les moyens d’assurer l’ensemble de ses missions dans les meilleures conditions. » selon Jean-Paul Ortiz, président.
À cela, Agnès Buzyn, ministre de la santé rétorque : « Les professionnels se sentent prêts. Je suis convaincue que c’est la bonne réforme. Je n’ai pas d’inquiétude. »
De quoi rassurer les français !